Les Combats Créés par Mégarde

Ici, un rappel de cette notion cruciale et abordée sur la page « version longue »

On peut lutter contre des phénomènes ; on le fait tous les jours. Si on lutte contre un phénomène, on mène un combat, qui peut tout à fait avoir toujours existé. (le besoin de se nourrir) Mais un combat peut aussi être né de l’évolution des sociétés et ne pas toujours avoir existé, dans ce cas, il est issu de facteurs intra ou extra-sociétaux. Si c’est un combat né de facteurs extra-sociétaux (destruction d’une maison par la chute d’un astéroïde), c’est un combat créé. Mais si ce combat est né de l’évolution des sociétés et est issu de facteurs intra-sociétaux (changement climatique), il est alors un Combat Créé par Mégarde (CCM), car provoqué par une suite d’actions causées par des d’ancêtres ayant porté des idées bancales.

Un CCM est toujours un problème systémique, bien différent d’un problème analytique.  Ce dernier type de problème n’est pas concerné par la logique de résolution des CCM. Un problème analytique a une seule cause proximale identifiée.
Dans l’exemple, « il y a un trou dans le mur de BA13 » est un problème analytique. Pour sa résolution, nous n’avons pas besoin de nous intéresser à sa cause directe, car celle-ci est passée (le coup de poing a été donné). Il suffit de reboucher le trou, ou de changer le panneau de BA13.

En revanche, un problème systémique a de multiples causes proximales, et l’on doit s’intéresser à ces causes pour s’en défaire ; on pourrait dire qu’il est « causé par le système », et sa résolution est différente. Sur ce schéma simpliste, la personne ayant frappé le mur ne conscientise que les causes écrites en noir et pense que c’est à cause du chat que le coup de poing a été donné, mais en réalité, d’autres causes entrent en ligne de compte. Irritabilité, déception amoureuse…
« Donner un coup de poing dans le mur » ayant donc plusieurs causes proximales trouvant leur source dans la société, il est systémique et est donc concerné par la grille de résolution des CCM.

Cette parenthèse nécessaire ayant été abordée, nous pouvons continuer. On a vu ce qui faisait changer les sociétés : les paradigmes de société. Donc des pensées présentes chez les têtes pensantes de la société ayant mené in fine à un phénomène nouveau. Si on veut éradiquer un CCM, on ne s’occupe pas de seulement reconnaître et traiter les facteurs proches, on cherche les facteurs ultimes, fondamentaux, donc les paradigmes de société à l’origine de ces CCM. C’est inutile de ne pas chercher à remonter au plus fondamental, notre action n’en sera qu’incomplètement efficace car soumise à l’influence de facteurs antérieurs. Nous vous fournirons deux exemples quelques paragraphes plus bas, et de nouveaux CCM seront régulièrement ajoutés dans la section correspondante du menu du site.

Dernière précision importante : un paradigme crée souvent plusieurs phénomènes dans son sillon. (C’est pour cela que nombre de CCM que nous combattons auront pour origine les mêmes paradigmes)
Et l’on peut régler un phénomène sans s’attaquer à sa cause profonde, cela peut se révéler très efficace, mais cela ne l’empêchera pas de réémerger par la suite ! L’image et le texte ci-dessous illustrent cela.

Le lien suivant résume ce dont il va être question ici : https://www.europarl.europa.eu/workingpapers/agri/s4-2-2_fr.htm

Aux alentours du XVIIème siècle, l’Europe traverse une crise forestière. La cause ultime de cette déforestation est un ensemble de paradigmes (croissance débridée dans tous les domaines, compétitivité entre nations…) mais pour traiter le problème, faute de modèle sociétal global, l’Europe s’est « contentée » de se reposer sur des techniques de gestion des forêts et de profiter de l’introduction du charbon en tant que nouvelle source d’énergie pour régler ce CCM. La crise forestière a pu être évitée, certes, mais les paradigmes mis en cause n’ayant pas été révisés, la déforestation a pu ressurgir ultérieurement, comme à notre époque où des forêts d’Asie du Sud-Est, d’Afrique ou d’Amérique du sud sont grandement menacées.
Cet exemple permet de faire la différence entre des luttes réductionnistes, solutions qui ne s’attaquent pas aux causes ultimes d’un CCM, et se révèleront donc toujours incomplètement efficaces, et des solutions curatives, qui s’attaquent aux causes ultimes, les paradigmes et sont donc pleinement efficaces.

Et enfin, le grand sujet : nous avons pu en venir à créer un changement climatique (CC) car nous sommes :
1) devenus capables d’émettre suffisamment de Gaz à Effet de Serre (GES) par personne, et
2) devenus suffisamment nombreux pour amener ces niveaux de GES à des niveaux que la biosphère ne peut compenser. La cause ultime de ces deux facteurs est le paradigme selon lequel « le développement technique à tout niveau est une bonne chose ». A t-il été remis en question ?

Non ; ainsi, même dans l’hypothèse improbable où l’on parviendrait à mitiger les effets du CC par une économie décarbonée (qui ne s’intéresse pas aux fondamentaux), celle-ci ne sera jamais pleinement efficace. Cela n’empêchera pas un CC de revenir à l’avenir, d’une façon ou d’une autre. (Et les paradigmes non traités continueront de produire des effets dans leur sillon.)

L’anticipation est clé, visons à créer le moins possible de CCM pour nos descendants, via une planification sociétale adéquate.

Et comment anticiper ? En s’appuyant sur les six paradigmes primordiaux présentés dans la version longue et l’essai Demain Sera Merveilleux pour guider chaque décision d’ampleur. Et la liste ci-dessous régulièrement actualisée, lorsqu’elle sera mise en ligne, servira d’illustration